Tracer la route...
Au-delà de sa proximité avec Lyon et Saint-Etienne, le Pilat dispose de plusieurs atouts pour charmer les plus sportifs : son agenda vélo dense en fait un endroit de rencontres pour les forçats de la route : il n’est pas rare de dénombrer plus de 50 cyclistes marquant une pause au sommet du col de Pavezin mais ce sont surtout les grands cols, dont plusieurs sont classés « première catégorie » Tour de France, qui font sa renommée. Qui osera se mesurer au col de l’Oeillon ?
Petite reine et Mont Pilat
Vélocio, le précurseur
Dans l’histoire de la petite reine, il y’a toujours eu des précurseurs, des inventeurs, de ceux qui nous ont fait rêver, de ceux qu’on a envie de suivre. Paul de Vivie, dit Vélocio, est de ceux là. Pionner du cyclotourisme, il montre sa célèbre moustache dès 1881 sur les routes du Pilat. Cinq ans plus tard, il fonde à Saint Etienne la revue « le cycliste » et parcours à bicyclette les routes du Pilat. Saint-Etienne/Pilat, un duo gagnant depuis 140 ans.
Mais revenons à notre Paul de Vivie : au tournant du 20ème siècle, il continue d’inventer, permettant un grand bond avant de ce qu’on appelle alors la « polymultiplication » : le dérailleur est né. Un saint homme on vous dit. On le retrouve ensuite organisateur. De quoi ? De la montée Vélocio, une institution stéphanoise depuis 1922. Les cyclistes grimpent au Pilat en vélo, en tandem… à peu près tout ce qui roule en fait. Il faut dire qu’on s’élance depuis la capitale du cycle : Saint-Etienne comptera jusqu’à 75 000 ouvriers travaillant dans cette industrie, dont une bonne partie à la célèbre manufacture d’Armes et Cycles. Paul de Vivie décède en 1930 – les cyclotouristes de France entière lui rendent hommage chaque année au col de Pavezin - et l’évènement qui porte son nom continue de rassembler toujours plus de fou de vélos, 3750, record atteint dans les années 70 là où il n’était qu’une cinquantaine en 1903…
Le Tour dans le Pilat
1903, c’est l’année du premier tour de France. 6 étapes de 300 km de moyenne et des vélos de 25kg. Une épopée. Au cours de la 2ème étape, Le col de la République devient le premier col de plus de 1000m d’altitude franchit par la grande boucle. L’année suivante, les partisans du coureur local Antoine Fauré attaquent ses adversaires dans ce même col, provoquant la colère de l’organisateur : le Pilat sera snobé pendant 50 ans. Il ne reviendra en état de grâce que dans les années 70 à la faveur de régulières diagonales entre Grenoble et Saint-Etienne nous offrant quelques épisodes mémorables. Le plus fameux ? Cette étape de 1985 où Bernard Hinault fut attaqué de toutes parts dans la montée 1ère catégorie du col de l’Oeillon avant de chuter à l’arrivée à Saint-Etienne. Resultat : un champion ensanglanté et une fracture du nez qui mettra en péril son 5ème sacre sur ce tour 1985.
L’épopée de L’Union Cycliste de Pélussin
Les années 80 marquent l’épopée d’un club local, l’Union cycliste de Pélussin. Fondé en 1971 par Pierre Rivory, alors équipier de Joachim Agostinho dans l’équipe Hoover de Gribaldy, le champion local délaisse le professionnalisme pour se consacrer à l’entrainement. Combinées à l’excellent terrain de jeu que constitue le Pilat, ses méthodes d’entrainements novatrices lui vaudront le surnom de sorcier du Pilat et apporteront de nombreux succès au club : 121 victoires en 81, 109 en 82, double champion de France amateur : les maillots verts triomphent partout ! Les champions s’appellent alors Dominique Garde, Gilles Mas, Gilles Carles, Guy Boiron, Michel Charréard, Philippe Galvez, René Forestier, etc…
En 1983, le club s’associe à la ville de Saint-Etienne dans une folle aventure : en effet, l’union cycliste Saint-Etienne Pélussin devient le premier club amateur a crée une section pro qui s’alignera dans des courses de renom comme Paris-Nice.
L’aventure pro ne durera pas mais les amateurs remporteront encore 123 victoires cette année là. Les années passèrent et le club se recentra sur sa vocation première : la formation des jeunes. Avec Anthony Jullien, 2ème du championnat de France espoirs 2019, l’avenir est assuré. Quant aux anciens, ils ont pour certains atteint les haut-niveaux : Vincent Lavenu est désormais manager d’AG2R la Mondiale où officient également Cyril Dessel et Gilles Mas, 2 ex UC Pélussin. Quant à Dominique Garde, il dirige aujourd’hui le pôle espoir de Saint-Etienne.
Et demain ?
Passionné de mécanique et de bicyclette, Guy Cavalerie produit à Pélussin les VTT Cavalerie Bikes, de petits bijoux bourrés d’innovations dont la plus prometteuse sont les boîtes Effigear. Avec ce système de transmission révolutionnaire, adieu dérailleurs avant et arrières, bonjour réactivité et gains de performance. 100 ans après Vélocio, Saint-Etienne et le Pilat continuent d’innover vélo. La boucle est bouclée.